VI-VIIe siècle : La période mérovingienne
Déjà habité à l’âge du bronze, Ligny-sur-Canche est ensuite occupé à la période mérovingienne. Des armes et autres objets datés des VI-VIIe siècles y ont été retrouvés dont un certain nombre se trouvent aujourd’hui au Musée Ducatel de Frévent. Ligny-sur-Canche devient un lieu de passage stratégique aux X-XIIe. Une motte castrale (les premiers châteaux) est édifiée le long de la Canche pour surveiller le chemin menant à l’abbaye de Cercamps.
1104 : Fondation du prieuré de Ligny par Jean de Grigny
Le prieuré de Ligny-sur-Canche, fondé en 1104 pour quatre religieux par un dénommé Jean de Grigny, a été tout de suite accordé à l’abbaye parisienne de Saint-Martin-des-Champs, fondée à Paris en 1060.
Le prieuré de Ligny-sur-Canche est lui-même assez important localement puisqu’il domine l’église Saint-Hilaire de Frévent dès 1212. L’église et le prieuré se jouxtent.
Sceau visible sur la charte du leg du prieuré de Ligny à l'abbaye de Saint Martin des Champs (Archives départementales du Pas de Calais)
Qu'est ce qu'un prieuré ?
Un prieuré est un établissement religieux comparable à un monastère. La plupart du temps, le prieuré est attaché à une abbaye de plus grande importance.
L'église du XIIe siècle à aujourd'hui
L’église de Ligny-sur-Canche est d’origine romane. Certains éléments en témoignent, tel des relicats de chapiteaux et de corniches décorés ou les arcs en plein cintre.
Durant les XIVe et XVe siècle, le village est le fief de la famille de Brimeu, auquel appartient David. Il est chevalier de la Toison d’Or et enterré dans l’église. Pendant cette période très troublée (guerre de Cent ans), l’église qui surplombe la vallée a dû être un lieu de défense.
A la fin du Moyen Age (fin XVe,début XVIe siècle), les temps se pacifient, l’église connaît une modification de volume avec l’ajout d’un large bas-côté à quatre travées, supportées par des colonnes de grès Le chœur et le clocher sont largement modifiés. Cette réorganisation de l’espace s’est accompagnée d’un habillage et d’une décoration gothique. Aujourd'hui, l'église fait l'objet d'un projet de restauration.
David de Brimeux (1384-14....), seigneur de Ligny-sur-Canche
Né en 1384 à Hesdin, David de Brimeu devient seigneur de Ligny-sur-Canche par achat en 1415.
Dès 1403, il est mentionné comme échanson à la cour de Bourgogne. En 1405, David de Brimeu exerce la même fonction à la cour de France.
Il fait ensuite une carrière remarquable en tant que chambellan (officier chargé de la chambre du roi) puis conseiller, à la fois aux cours bourguignonne et française. Cette période est troublée par des complots, des assassinats (celui de Jean Sans Peur, duc de Bourgogne en 1419) entre la couronne de France et les bourguignons. David de Brimeu a probablement eu un rôle important, lui qui semble en bonne grâce parmi les deux parties.
David de Brimeu est gouverneur d’Arras lorsqu’il décède en 1435 (ou 1448 ?). Son tombeau se trouverait dans l’église de Ligny-sur-Canche. Cette présence témoigne de l’attachement de David de Brimeu pour cette terre.
Armes et devise de David de Brimeu, entourées de l'insigne de L'Ordre de la Toison d'Or
La Toison d’Or est un ordre de chevalerie très influent, institué en 1430 par le duc de Bourgogne Philippe le Bon. Il veille au choix des chevaliers dignes de son ordre : « chaque Chevalier sera désigné parmi les meilleurs du royaume, les plus vaillants, et irréprochables dans leur conduite ». En 1430, David de Brimeu et son frère Jacques et son neveu Florimond font partie des trente-cinq premiers adoubés.
1560 : La cloche Jacqueline est installée
Lorsque la cloche est installée en 1560, l’Artois est espagnol. Il est très probable que Philippe II, roi d’Espagne depuis 1555 ait effectué une « tournée » dans la région pour renforcer son pouvoir symbolique. Les habitants auraient donc fait réaliser la cloche à cette occasion.
Ligny-sur-Canche ne devient définitivement français qu’un siècle plus tard, lorsque Louis XIV, victorieux contre la couronne d’Espagne, obtient le comté d’Artois par le traité des Pyrénées de 1659.
1603 : Ligny est dessiné dans l'album de Croy
Charles de Croÿ, prince de plusieurs territoires du Nord de la France, fit représenter ses possessions et les provinces où il a tenu un rôle administratif.
Le duc de Croÿ, chevalier de la Toison d’Or en 1599 eut comme première épouse Marie de Brimeu probablement descendante des Brimeu de Ligny-sur-Canche, cela pourrait expliquer pourquoi le petit village a été dessiné.
XV-XVIIIe siècle : Les seigneurs se succèdent à Ligny. Les sources font référence à une seconde église, à l'emplacement du calvaire le long de la Canche
Non loin de la première église Ligny-Prieuré, il exista une autre église dans le village. Elle était établie le long de la Canche, à l’endroit où se trouve le calvaire.
Elle possédait deux dénominations : Ligny-Canche et Ligny-Rache. Les Rache étaient des princes résidant à Boubers et pourraient être à l’origine de ce dernier nom. Peut-être étaient-ils propriétaires du terrain ou financeurs de l’église.
Les deux églises ont appartenu à deux diocèses différents, l’une au diocèse de Thérouanne et l’autre à celui d’Amiens. Par ailleurs, cette église aujourd’hui disparue est visible sur les cadastres du XIXe siècle.
Début XIXe siècle : Ligny est dessiné dans le cadastre napoléonien
La physionomie du village n’a guère changé depuis le début du XIXe siècle.
Sur ce plan, le prieuré figure en totalité et semble assez imposant.
1914-1918 : le cimetière anglais de Ligny-sur-Canche
Soixante dix-sept soldats britanniques et trois soldats canadiens reposent dans ce cimetière. Ils ont péris entre le 27 août et le 8 septembre 1918, lors de la contre-offensive des Alliés.
La présence britannique dans le village à proximité de Frévent, ainsi que l'afflux de victimes (Saint-Pôl sur Ternoise et Frévent sont bombardés) ont probablement incité les CCS (Casualty Clearing Section : régiment mobile de soins) à ouvrur une annexe de l'hôpital d'évacuation de Frévent.
Déjà habité à l’époque gallo-romaine, Ligny est un lieu à l’origine entouré de forêts. La présence d’un tumulus (sépulture datant généralement de 600 à 300 ans avant JC) prouve même une activité humaine antérieure. Par ailleurs, des archéologues ont découvert neuf tombes mérovingiennes (500-600 ap. J-C) au pied de l’église en 1990. Ligny-sur-Canche est donc un village oû l’homme s’est très tôt implanté.
L’histoire du village est liée à celle de son église et à son prieuré. C’est au début du XIIè siècle qu’elle s’éclaircie avec la construction en 1104 du prieuré et de son église. Il est fondé par Jean de Grigny. Le prieuré de Ligny est assez puissant puisqu’il domine, dès 1212, l’église Saint Hilaire de Frévent. Dès sa fondation, il est donné à l’abbaye parisienne de Saint-Martin-des-Champs, fondée en 1060 suite à la reconstruction d’un monastère datant probablement du VIIIème. La charte du leg est visible aux archives. Ce don a été confirmé par le Pape Pascal II en 1107. On ne connait pas la raison exacte de ce don. Probablement existait-il une filiation monastique entre les deux institutions. Le prieuré de Saint-Martin-des-Champs passa sous le patronage de l’abbaye de Cluny, et en 1147, il possédait une centaine d’églises. Une motte castrale (les premiers châteaux) est édifiée au bord de la Canche. Le chemin menant à l'abbaye de Cercamps est stratégique.
1918-1939 : Ligny-sur-Canche vu de le Canche
(archives départementales de Danville)
L’histoire du village est ensuite guidée, tout au long de l’époque moderne, par les successions seigneuriales. Au XIIIe siècle, la famille de Rebreuve domine. Au XVe siècle, les De Brimeu acquièrent la seigneurie de Ligny. Les Brimeu sont un grand lignage de Picardie, qui passèrent ensuite temporairement aux services des ducs de Bourgogne. Dans une période très troublée, des personnages de premier ordre comme David De Brimeu, seigneur de Ligny et chevalier de la Toison d’Or administre le village.
A la fin du XVè siècle, c’est la famille De Bourbon-Vendôme qui acquiert la seigneurie. Les Bourbon-Vendôme, riche famille française ascendante directe d’Henry IV, domine le fief pendant tout le XVIe siècle. Sous leur domination, le prieuré et l’Eglise sont reconstruits. Jacques de Vendôme (à qui le roi de Castille aurait donné Ligny) est chambellan (équivalent d’un premier ministre) du roi François Ier, et fonde à Ligny une nouvelle branche de la famille. Cette période semble celle de la prospérité pour le village. En 1560, est installée et gravée la cloche Jacqueline à l’effigie de Philippe II, roi d’Espagne. Il semble que Ligny soit espagnol. Ce sont des seigneurs français qui règnent, mais leurs souverains sont espagnols. Néanmoins, par le traité des Pyrénées de 1659, l’Artois et Ligny-sur-Canche reviennent au royaume de France. Par ailleurs, en 1603, Ligny a été dessiné dans l’album de Croÿ. Au XVIIème la famille de Rambures conserve Ligny.
DU XIVè au XVIIè siècle, le village a donc connu de grandes familles même si elles avaient de nombreuses possessions. Cela ne surprend pas lorsqu’on observe la position géographique privilégiée du fief, dans le sud du puissant comté de Saint-Pol au bord de la Canche (zone frontalière) et l’importance religieuse, avec le prieuré, qu’à Ligny-sur-Canche.
Années 1950 lors d'une céremonie officielle (de gauche à droite):
Fernand Pruvost, Jean Ledru (adjoint), Henry (M. le Maire, au fond), César Bernard (député), M. Alfred Thuillez (avec sa fille Eugenie), "Zizi" Lemaire (chef des pompiers), Nestor Legrand (conseiller municipal).
En 1789, la Révolution française met à bas tous les privilèges féodaux. Les seigneurs de Ligny-sur-Canche se retrouvent sans terre ; les biens du clergé sont vendus.
Ligny-sur-Canche compte 439 habitants en 1790. Le prieuré, bien que toujours actif, est vendu à la Révolution. Il devient une ferme appelée aujourd’hui encore « Ferme Nation ». Au XIXè siècle, la fonction de maire est très souvent exercé par la famille Thélu.
Durant la Première Guerre Mondiale, Ligny accueille un nombre important de soldats britanniques.
A Frévent se trouve un hôpital d’évacuation temporaire. En 1918, une annexe est ouverte à Ligny ce qui expliquerait la présence du cimetière militaire anglais.
Le second conflit mondial (1939-1945) perturbe sensiblement le Ternois et l'environnement de Ligny-sur-Canche. Au début puis à la fin du conflit, les troupes allemandes sont en très grand nombre sur le territoire du département et en particulier dans les territoires à l’Ouest comme le Ternois. Au début de la guerre, des troupes se positionnent dans la région pour mieux combattre les Alliés et bombarder la Grande-Bretagne.
Ainsi, dans les environs de Ligny-sur-Canche, il existe des bases de lancement des bombes volantes V1 et des fusées V2 vers la Grande-Bretagne. fixes à Nuncq-Hautecôte, Bonnières ou encore à Siracourt.
La région est bombardée durement par les alliés et l'église de Ligny est endommagé en 1944.
L'histoire du village de l'âge du bronze à nos jours
L'histoire de Ligny-sur-Canche est riche et variée. Des Mérovingiens à la Deuxième Guerre Mondiale en passant par le prieuré et l'Ordre de la Toison d'Or, découvrez, en cliquant sur les divers éléments de la frise, les grandes dates, les personnages et les témoins du passé lignois.
Pour plus d'informations, un "Petit guide de l'histoire de Ligny-sur-Canche" a été edité par la commune. Renseignez-vous auprès de la mairie ou de l'association "Bien Vivre à Ligny-sur-Canche" pour l'obtenir.
A noter également que beaucoup de mystères subsistent dans cette histoire et que tous autres témoignages ou éléments d'information sont les bienvenus.
Une riche
et longue histoire, qui aujourd'hui renaît
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